HtmlToText
robin livio 1917-1996 : un humaniste traverse le sicle ombre et lumire se partagent la vie de robin livio, faite de succs, de projets visionnaires, mais aussi de longues priodes de doute, d’checs, et de vaches maigres. de son vrai nom ruben levy, n en 1917 en roumanie, au bord du danube, dans une famille juive non pratiquante, il n’aura de cesse de revendiquer l’hritage de la mittel europa tout en restant profondment ancr dans la culture occidentale. nourrisson chtif, n prmaturment au cœur de l’hiver, il est sauv par sa mre qui le lange dans du coton. enfant prcoce, brillant, il matrise le roumain, le ladino qu’il parle avec ses parents, mais aussi le franais, couramment parl parmi la bourgeoisie roumaine de l’poque. adolescent turbulent, peu conformiste, il se plie difficilement aux exigences d’une scolarit classique et devient assez largement autodidacte. il se vieillit de cinq ans en empruntant les papiers d’identit de son frre an pour adhrer la socit des auteurs roumains, et, vingt ans, crit, dirige et joue dans la troupe du thtre juif de bucarest. sa mise en scne du dibbuk , dans laquelle il interprte le principal personnage masculin, est salue par la critique. pendant la guerre, il chappe de justesse aux perscutions et la nuit de cristal organise par les nazis roumains, mais est dport en camp de travail, dont il est libr par l’avance russe. de retour bucarest aprs la prise du pouvoir par les communistes, il reprend ses activits de metteur en scne de thtre et d'oprette. il crit et dirige une pice surraliste," patapouf", proche du courant" absurde", o s'illustrera ionesco. mis l’index pour ses opinions dissidentes et en passe d'tre arrt, il est prvenu temps par un ami et s'enfuit de nuit, avec pour tout viatique les vtements qu’il porte sur le dos. traversant l’europe exsangue pied, franchissant les frontires de faon rocambolesque, il arrive en france. parlant un franais parfait et plusieurs langues d’europe de l’est, il gagne son ticket d’entre en servant d’interprte dans les camps de personnes dplaces, o les autorits militaires et civiles cherchent dbusquer les criminels de guerre et les espions communistes. suivent cinq annes difficiles, o il pratique le journalisme franc-tireur puis oise-matin. il fait quelques apparitions sur les scnes de thtre et au cinma, notamment dans le film de jean louis barrault d’homme hommes , il crit des chansons, se lie avec rene lebas , dirige une revue humoristique, l’optimiste , qui ne vivra que quatre numros, …. toujours limit dans sa carrire par son passeport roumain. en 1951, il rencontre yvonne, qu’il pouse en 1953. une srie d’missions sur paris inter parisien d’o viens –tu, , l’introduit dans le milieu cosmopolite des artistes et des intellectuels de l’aprs guerre, …. . la vie est devenue un peu plus facile : il traduit de nombreux ouvrages, travaille pour cinmonde , crit ou rcrit plusieurs ouvrages sur ce que l’on n’appelait pas encore les nouvelles technologies (espace, chimie) , et dj, dnonce les sursauts de la bte immonde dont le ventre est encore fcond , dans des pamphlets contre le salazarisme et les mouvements nonazis ( "le feu mal teint" , publi sous un nom d’emprunt, qui sera interdit par la censure). en 57, il publie son premier roman, la terre est un gteau qui lui vaudra un succs critique et public, et sera traduit en italien. puis il traduit coup sur coup "the last grain race" d'eric newby, qui devient en franais "bourlingueur des mers du sud" , prfac par blaise cendrars, et les pomes de gian pero bona, sous le titre "les jours dus" . suivront dix annes fastes, comme crivain et directeur de collection, aux ditions du pont royal, avec robert laffont, pour qui il lance la collection en mille images , dont il crit plusieurs ouvrages : un concept en avance sur son temps puisqu’il mlait intimement le texte l’iconographie. il en profite pour dvelopper ses ides humanistes, pro-europennes, insistant sur les multiples sources de peuplement de la france et sur la richesse du creuset cosmopolite qui donne naissance aux nations mais aussi pour revenir sur les racines du mal du vingtime sicle : le racisme, la haine de l’homme par l’homme et son cortge de massacres et de perscutions. en 1966, il est naturalis franais. intellectuel de gauche, comme on disait alors, il se rapproche des socialistes sans jamais adhrer au parti. mai 68 le verra se mobiliser auprs d’une jeunesse dont il envie l’enthousiasme, participant des dbats philosophiques ou littraires comme il en naissait alors dans tous les cafs de la rive gauche. mais il garde ses distances vis--vis des idologies, soucieux de sa libert, et son engagement politique reste celui d’un citoyen du monde : ne jamais taire une vrit, ft elle douloureuse dire, contraire l’opinion dominante, ou politiquement incorrecte , comme on le dirait aujourd’hui. a la fin de cette priode, il va s’intresser nouveau au cinma : il lance une collection de petit format, petit prix, qui se veut elle aussi enrichie d’une iconographie abondante, et, c’est nouveau pour l’poque, en couleurs : ce sont les toiles , dont, l encore, il crit plusieurs titres dont le greta garbo qui lui vaudra plusieurs passages la tlvision. malheureusement, les prix de revient d’alors ne permettent pas de faire les ouvrages bon march dont il rve, et, force de rogner sur la qualit, la collection peine trouver son public et s’interrompt au dixime titre. robin livio reviendra au cinma par la suite, comme assistant de maurice bessy au festival de cannes en 73 et 74, o il dite une version quotidienne du film franais , et pour des activits alimentaires de sous-titrage de films et de dessins anims. . il se tourne alors nouveau vers le journalisme, et participe l’aventure de combat , qui malheureusement sera sans lendemain, le titre disparaissant avec la faillite du journal. dans le mme temps, il continue son travail d’crivain: sa pice le cœur buissonnier reoit en 73 le prix de la socit des auteurs, et son manuscrit, un doute subsiste , se voit accept en premire lecture, puis finalement refus par deux grands diteurs. les vingt dernires annes de sa vie resteront marques par cet chec. considr comme trop g par beaucoup, en cette fin de sicle prise de jeunisme, robin livio n’en continue pas moins soumettre, aux uns et aux autres, des ides de livres, de collections, d’missions de tlvision. il imagine une galerie de portraits films des cinastes du vingtime sicle, et tourne le premier opus avec claude autant-lara. l’mission sera diffuse sur la troisime chane mais le projet n’aura pas de suite. sans amertume mais avec lucidit, robin livio considre alors qu’il ne cre plus que pour satisfaire sa propre soif d’crire. les bagatelles difficiles , sont tout sauf le propos dsabus d’un misanthrope : condens dans l’expression, le texte prend tout son sens quand on ralise qu’il est crit par un homme qui se sait malade, mais qui ne dsespre pas de la vie, ni des hommes, quoiqu’il ait vu et vcu… il s’teint dans son sommeil en septembre 1996. sur son bureau, la liste des expositions qu’il comptait visiter dans les semaines venir, et celle des livres qu’il dsirait lire. cette soif de culture qui tait sa vie ne l’a jamais quitt. sa collection photographique considrable tmoigne de ses centres d'intrts successifs. ce fond, dans lequel il puisait pour illustrer ses livres alimente ce site. destin aux chercheurs et aux particuliers, il aborde tous les thmes de prdilection de robin livio. la guerre du pacifique , un ouvrage qui ne vit pas le jour, en est le premier chapitre, le cinma et ses grandes figures suivent, commencer par greta garbo, alain delon, grard philipe, humphrey bogart, puis michle morgan et louis de funes . site optimis pour une rsolution 1280 x 1024 minimum.